La pelote féminine fait sa petite révolution

[dropcap size=big]A[/dropcap]u Pays basque, les villes ou villages qui ne possèdent pas de fronton, trinquet ou de mur à gauche sont rares ! 

Si un jour vous décidez de vous rendre au trinquet Saint-André de Bayonne, vous pourrez croiser “les nautiquettes”, la section de pelote féminine de « la nautique ».

Fondée en 1875, la Société Nautique de Bayonne est la plus ancienne association de la ville et porte fièrement les couleurs vertes et rouges de Bayonne partout en France et à l’étranger. C’est un club omnisport composé des sections aviron, pelote, gym et zumba. Son passé riche d’histoire fait d’elle un emblème de la ville. 

Étudiantes, jeunes actives, mères de famille, les joueuses de la nautique ont des vies bien différentes, mais elle partagent la même passion  : la pratique de la pelote.

Avec Antonin, le créateur de “Fragment”, elles nous ont accueilli durant une journée; nous avons pu assister à une partie et leur entraînement. Elles nous ont partagé leur amour pour ce sport, leurs ambitions, leurs difficultés, …

Un jeu ancestral

Plus qu’un sport, au Pays basque c’est une tradition, un véritable pilier de la culture locale.

Sachez que la pratique de la pelote fait partit des plus vieux jeux de balle de l’histoire de l’humanité. Directement issu du jeu de paume, la pelote basque regroupe plusieurs jeux comme la main nue, cesta punta, chistera joko garbi, paleta cuir, pala corta, le xare, le rebot, le pasaka. Ils sont uniquement réservés aux hommes lors des compétitions …  Les seules spécialités où les filles peuvent se mesurer lors des compétitions sont la gomme creuse et pleine ainsi que le frontenis.

La pelote basque ne se limite pas au Pays basque, elle est extrêmement pratiquée en France avec des clubs très dynamiques (Brive, Toulouse, Le Haillan, Paris, La Madeleine…), mais aussi au Mexique, Etats-Unis (Californie…), Cuba, Argentine, Macao, Philippines, Hong Kong, Italie et je dois en oublier.

Dans quelques pays d’Amérique du sud les joueurs et joueuses de frontenis sont considérés comme des professionnels et ont un véritable statut.

Et la pelote féminine dans tout ça ? 

En france les joueuses de pelote redoublent d’efforts pour être considérées comme de vraies compétitrices. La pratique féminine de la pelote est peu représentée par les femmes et quasiment absente des médias. En observant les évolutions dans des sports plus populaires comme le football, rugby, handball, nos joueuses ne comprennent pas pourquoi il n’en est pas de même pour elles. 

Cette exclusion provoque un manque d’attractivité et la pratique est donc naturellement absente sur les Kantxa.

Des évolutions commencent à se faire ressentir avec l’arrivé du frontball,  une spécialité mixte.
La cesta punta aura sa première compétition internationale féminine aux prochains championnats du monde.
Le développement des tournois mixtes inter-clubs permettent aux filles de se confronter aux hommes et de prouver leur véritable valeur.

 

Se faire une place 

Patriarcal, viriliste, faussement égalitaire, sexiste, …  on s’attendait à un discours qui les confrontent à la domination masculine de ce sport.  Mais on a entendu tout le contraire. Les “Nautiquettes” sont optimistes, elles nous ont expliqué que leur réaction face à ce manque de reconnaissance, c’était la communication et la créativité. Des leviers de changement qui se révèlent redoutablement efficaces.  

En 2018, elles se sont lancées dans la réalisation d’un calendrier mettant en valeur leur féminité et surtout leur sportivité !  L’idée est survenue un an auparavant lors d’une soirée quelque peu arrosée,  mais qui s’est réellement concrétisée avec la danseuse et photographe Jennifer Lachartre et de l’ancien joueur de rugby et photographe Jean Jo Marmouyet.
Portant le doux nom de Pilota Polita “pelote” et “jolie” en basque … un projet artistique et un excellent support de communication pour faire passer leurs messages. 

La même année, la ville de Bayonne leur offre un joli coup de projecteur pendant tout le mois de  novembre en exposant les photos du calendrier sur une des façades des halles de Bayonne. 

En 2019, lors du festival  “ Point de Vue #3 ”, l’événement de street-art à Bayonne porté par Spacejunk, les “Nautiquettes” ont été mises en valeur sur les murs de la ville par l’artiste ZALEZ. Ce graffeur et pochoiriste a créé une fresque représente des joueuses de pelote avec des instruments qu’elle ne peuvent pas utiliser dans les tournois. Histoire d’initier la polémique 😉

En 2020, une deuxième édition du calendrier est éditée, les nautiquettes sont sublimées par le photographe Xavier Mathieu qui les emmène à travers les rues de Bayonne et ses terrains de jeux inédits.

Vous pouvez consulter notre interview vidéo par ici :

On est sorti du trinquet Saint-André convaincu que l’attractivité de ce sport ne peut se faire sans une meilleure reconnaissance de leur pratiques et de leurs attentes. 

Merci pour votre accueil les filles !

Le calendrier est en vente au tarif de 10 euros sur https://www.pilotapolita.fr , dans la librairie Elkar, l’office de tourisme de Bayonne, la brasserie du trinquet Saint-André.

Plus d’infos sur le site de la nautique :  http://www.snbayonne.fr/
Pour leur actualité, c’est par ici : https://www.facebook.com/pelotesnb/

 

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